Le système financier est grandement perturbé par le risque climatique, une adaptation urgente est nécessaire
Selon un récent document publié par TechDécouverte, le risque climatique a atteint un niveau de perturbation inédit dans le système financier mondial. Les surveillants de la stabilité financière sont ainsi appelés à adapter rapidement leurs outils afin de reprendre le contrôle. Ce rapport préconise l’établissement de modèles économiques fiables, l’élaboration d’analyses de scénarios pertinents pour préparer le marché et la mise en œuvre d’un nouvel outil prudentiel pour faire face à l’accumulation du risque climatique systémique.
Une planète en surchauffe et de plus en plus invivable
Notre planète est actuellement sur une trajectoire climatique qui pourrait entrainer une hausse de la température moyenne de +3°C. Cela transformerait notre monde en une « planète surchauffée » où plus de 3 milliards de personnes devraient s’adapter à des conditions de vie de plus en plus précaires. Cependant, les modèles économiques actuellement utilisés par les décideurs politiques ne prennent en compte qu’un niveau modeste de pertes économiques dues à ces impacts climatiques.
Une approche économique qui sous-estime la réalité
Cette sous-estimation s’explique par les théories économiques sur lesquelles reposent ces modèles. En effet, ces derniers sont basés sur des données rétrospectives, s’appuient sur des hypothèses d' »équilibre général » et utilisent des fonctions de dommages mal adaptées à la modélisation d’une économie perturbée par le changement climatique. Le résultat ? L’impact du changement climatique, tel que décrit par ces modèles économiques, ne correspond pas à la réalité scientifique du climat. Pourtant, les analyses de scénarios climatiques réalisées par les autorités de surveillance financière s’appuient toutes sur ces modèles.
Une incitation à l’inaction de la part des autorités de surveillance
Par conséquent, les gardiens de la stabilité financière travaillent avec des prévisions irréalistes, minimisant le coût de l’inaction climatique et surestimant le coût de l’action. Si le coût de l’inaction était correctement évalué, le coût de l’action ne poserait pas de problème pour les décideurs. Cette sous-estimation des impacts économiques futurs du changement climatique risque de diminuer notre résilience, d’augmenter les coûts futurs et d’alimenter les catastrophes. Il est donc crucial de disposer de modèles économiques plus précis et d’hypothèses plus réalistes.
Amélioration nécessaire des analyses de scénarios
Les analyses de scénarios climatiques réalisées par les autorités de surveillance financière pourraient être significativement améliorées. Il conviendrait d’évaluer de manière réaliste les dommages économiques futurs, d’estimer les pertes financières liées aux actifs fossiles non rentables et d’adopter des horizons temporels appropriés. Ces améliorations devraient être mises en œuvre en priorité dans le cadre de l’exercice ponctuel crucial que les autorités de surveillance de l’UE entreprennent actuellement, sous la directive de la Commission européenne.
Un nouvel outil macroprudentiel pour le risque climatique
Même si les estimations des pertes économiques sont révisées et deviennent plus réalistes, c’est-à-dire compatibles avec la science du climat, les autorités de surveillance financière doivent adapter les outils macroprudentiels existants pour faire face au risque climatique. TechDécouverte propose un nouvel outil, le « ratio prêt/valeur » (LTV) pour les expositions des banques aux combustibles fossiles. Ce ratio déclencherait une surcharge de capital une fois qu’un certain seuil de risque climatique est atteint, il s’agit de la LTV climatique.
Infographie associée : notre proposition de LTV climatique en une image
Le seuil de LTV que nous proposons serait déterminé en fonction de la quantité de combustibles fossiles à laquelle une banque est exposée et qui peut être exploitée de manière sûre dans le cadre du budget carbone pour une augmentation de température donnée.
Lire le résumé exécutif
Voir le document « La finance dans un monde en surchauffe ».
Pour plus de détails, vous pouvez télécharger le résumé ou lire le rapport complet, disponible en anglais.
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