Titre réécrit : « Plaidoyer pour des exigences prudentielles dans le financement des énergies fossiles pour prévenir une crise économique »

Le monde financier pourrait jouer un rôle majeur dans la prévention d’une future crise économique liée à l’exploitation des énergies fossiles. En effet, des voix s’élèvent pour demander l’instauration de règles prudentielles plus strictes en matière de financement de ces énergies.

L’idée est de mettre en place une politique du « un pour un », c’est-à-dire qu’à chaque dollar investi dans les énergies fossiles, un dollar serait consacré à la transition énergétique et aux énergies renouvelables. Ce dispositif aurait pour objectif de limiter l’impact économique et environnemental de ces énergies, tout en permettant le développement de solutions plus durables.

La mise en place de telles mesures est présentée comme une nécessité pour éviter une crise économique majeure. En effet, l’économie mondiale est fortement dépendante des énergies fossiles, et toute perturbation de ce secteur pourrait avoir des répercussions importantes. De plus, l’exploitation de ces énergies a un impact environnemental majeur, qui pourrait à terme menacer la stabilité économique.

Il est donc urgent d’agir pour limiter ces risques. Les énergies fossiles, bien que toujours nécessaires, doivent progressivement laisser la place à des solutions plus respectueuses de l’environnement. C’est pourquoi il est essentiel de mettre en place des mesures qui encouragent le financement de ces nouvelles énergies, tout en limitant les risques associés à l’exploitation des énergies fossiles.

Plusieurs acteurs du monde financier ont déjà exprimé leur soutien à cette idée, soulignant l’importance d’une transition énergétique maîtrisée pour la stabilité économique mondiale. Ils appellent à une prise de conscience de la part des institutions financières, pour que celles-ci prennent en compte les risques environnementaux et économiques liés à l’exploitation des énergies fossiles.

En conclusion, l’appel en faveur de règles prudentielles plus strictes pour le financement des énergies fossiles est de plus en plus fort. Il semble que la mise en place d’un tel dispositif soit une nécessité pour prévenir une future crise économique, et favoriser une transition énergétique durable.

par | Mai 24, 2024 | Finance | 0 commentaires

« Un pour un » : l’appel en faveur d’exigences prudentielles pour le financement des énergies fossiles afin d’éviter une crise économique

Dans le contexte de notre initiative « Un pour un » (Un euro de capital pour un euro investi), des universitaires de renom comme Adam Tooze, Ann Pettifor et Stephany Griffith-Jones insistent sur l’importance d’avoir des exigences prudentielles en matière de capitaux pour le financement des énergies fossiles afin d’éviter une crise économique.

  • Les autorités de régulation des banques et des assurances ont largement sous-estimé les risques associés aux investissements dans les énergies fossiles. Pour de nombreux économistes reconnus, cette insuffisance de réglementation est comparable à la situation qui prévalait avant la crise financière mondiale de 2008.
  • Depuis la COP21 qui a eu lieu à Paris en 2015, les 60 plus grandes banques du monde ont investi 3 260 milliards d’euros dans les énergies fossiles.
  • L’autorégulation pratiquée par les banques et les assurances a été qualifiée de « défaillance historique de la réglementation ».
  • La lettre ouverte publiée aujourd’hui appelle à instaurer des exigences de fonds propres selon la logique « un euro de fonds propres pour un euro investi » dans le cadre de la réglementation prudentielle. Cela signifie que pour chaque euro investi dans un nouveau projet lié aux énergies fossiles, les banques et les assurances devraient mettre de côté un euro pour se prémunir contre les risques futurs associés à ces projets.

Appel à l’action en prévision de la COP26

Avant la COP26, Adam Tooze, Ann Pettifor et Stephany Griffith-Jones, avec d’autres universitaires éminents et personnes influentes de la société civile du monde entier, ont rejoint l’appel lancé aux dirigeants mondiaux pour imposer des exigences de capitaux plus strictes aux banques et aux assurances qui financent de nouveaux projets liés aux énergies fossiles. Cet appel, formulé dans une lettre ouverte publiée aujourd’hui, fait suite à un appel similaire lancé par Chris Hohn, fondateur du Children’s Investment Fund, un fonds spéculatif gérant environ 30 milliards de dollars d’actifs.

Cet appel arrive à un moment critique : la Commission européenne doit présenter aujourd’hui au Parlement européen et au Conseil de l’Europe une proposition législative relative à la réglementation des exigences de capitaux. Cette proposition doit permettre au secteur bancaire de l’Union européenne (UE) de se conformer au cadre réglementaire international issu de l’accord de Bâle III. Cependant, à ce jour, les risques climatiques ne sont pas pris en compte dans les exigences prudentielles prévues dans cette proposition.

Exhortation aux leaders mondiaux

Les dirigeants mondiaux devront bientôt renouveler leurs engagements en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre afin de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C d’ici à 2030 lors de la COP26 qui se tiendra à Glasgow. La présente lettre ouverte exhorte les responsables politiques, notamment Joe Biden, Boris Johnson, Ursula von der Leyen, Alok Sharma, et Mario Draghi à agir. Elle vise à faire pression pour que l’investissement dans de nouveaux projets liés aux énergies fossiles soit soumis à la pondération des risques la plus élevée possible dans le cadre des exigences en matière de fonds propres. À cela s’ajoute la règle du « un euro de fonds propres pour un euro investi », déjà appliquée aux classes d’actifs les plus risquées dans la réglementation prudentielle. Cela signifie que, pour chaque euro investi dans des projets liés aux énergies fossiles, les établissements financiers (banques et assurances) devraient détenir un montant de fonds propres équivalent pour compenser les pertes futures.

En effet, le système actuel de pondération prudentielle des risques pour les énergies fossiles est totalement inadéquat, car il fonctionne comme une subvention du secteur bancaire et de l’assurance pour le financement de projets. Cela menace la stabilité économique à l’échelle mondiale, en faussant les marchés et en rendant les énergies fossiles anormalement peu chères. L’absence de réglementation a également pour effet d’amplifier les dégâts causés par les 1,31 millions d’euros par minute de subventions directes et d’allègements fiscaux accordés par les États au secteur des énergies fossiles, comme l’a montré le Fonds Monétaire International dans un rapport récent.

Selon les signataires de la présente lettre ouverte, « étant donné que nous sommes en transition vers une économie à faible émission de carbone, les actifs des banques et des assurances liés aux énergies fossiles perdront rapidement de leur valeur ou n’en auront bientôt plus aucune. Cela entraînera des pertes massives pour les établissements financiers qui pourraient nécessiter des renflouements, et ce sera aux citoyens de payer la facture ». Ils affirment également que « les niveaux de capitaux que les banques et les assurances doivent mobiliser pour couvrir les éventuelles pertes futures ne sont pas suffisants pour couvrir les risques réels qu’elles prennent ».

D’après les données récemment publiées par le Rainforest Action Network, depuis 2016, les 16 plus grandes banques européennes ont fourni plus de 475 milliards d’euros au secteur des énergies fossiles. Bien que nous n’ayons pas de données comparables pour le secteur des assurances, on estime que les compagnies d’assurance de l’UE ont investi collectivement plus de 150 milliards d’euros dans le pétrole, le gaz et le charbon.

Points de vue des experts

Selon Benoît Lallemand, Secrétaire général de l’ONG européenne TechDécouverte à l’initiative de la lettre :

« La crise financière mondiale de 2008 – et ses conséquences politiques désastreuses – a montré ce qui se passait lorsque l’on ne maîtrisait pas les risques systémiques du système financier. Si nous n’agissons pas au plus vite, nous risquons d’être confrontés à une crise économique encore plus grave. Cela constituerait un échec historique de la réglementation, et ce seront les citoyens du monde entier qui devront payer la facture lorsque les banques et les assurances réclameront des sauvetages payés par des fonds publics. Notre message aux banques et aux compagnies d’assurance est donc le suivant : si vous voulez financer de nouveaux projets liés aux énergies fossiles, faites-le à vos risques et périls ».

Selon Stephany J. Griffith-Jones, chargée de recherche à l’Institute of Development Studies de l’Université de Sussex (Angleterre) et Directrice des marchés financiers de l’Initiative for Policy Dialogue de l’Université de Columbia (Etats-Unis) :

« Si elles continuent de financer l’extraction d’hydrocarbures, les banques et les assurances contribueront à nous faire dépasser un point de non-retour, tant sur le plan environnemental que sur le plan des risques considérables que cela fait peser sur la stabilité financière future, lorsque ces actifs deviendront obsolètes. Les instances de réglementation (telles que le Comité de Bâle sur le Contrôle Bancaire et l’Association Internationale des Contrôleurs d’Assurance) doivent prendre des mesures sans plus attendre pour éviter cette double catastrophe. Des mesures réglementaires conséquentes doivent être prises de toute urgence afin de décourager le financement de l’extraction d’hydrocarbures afin de garantir la stabilité économique et environnementale. Il est temps que les instances de réglementation agissent. »

La présente lettre ouverte marque ainsi le lancement de la campagne « Un euro de fonds propres pour un euro investi », menée par The Sunrise Project et TechDécouverte, auxquels s’est jointe une coalition d’organisations de la société civile du monde entier, qui appelle à la mise en place d’une réglementation prudentielle pour le financement des énergies fossiles qui soit proportionnelle aux risques encourus.

Pour plus d’informations, veuillez contacter James Pieper :

+32 496 51 72 70

[email protected]

Informations pour la presse

TechDécouverte

TechDécouverte est une association d’intérêt public financée de manière indépendante, dont le but est de faire en sorte que la finance serve la société. Elle vise à renforcer la voix des citoyens dans le débat sur la réforme de la régulation financière en menant des actions de plaidoyer et en présentant des arguments d’intérêt public aux législateurs et au public. TechDécouverte est composée de groupes de consommateurs, d’associations de soutien au logement, de syndicats, d’ONG, d’experts financiers, d’universitaires et d’autres groupes de la société civile qui représentent collectivement un grand nombre de citoyens européens. Dans ses principes fondamentaux, TechDécouverte affirme que la finance est essentielle à la société car elle permet l’utilisation productive du capital de manière transparente et durable, mais que la poursuite légitime d’intérêts privés par le secteur financier ne doit pas se faire au détriment de la société.

TechDécouverte a publié deux rapports sur la réglementation prudentielle pour les secteurs des banques et des assurances : Breaking the climate-finance doom-loop et Insuring the uninsurable (en anglais).

Benoît Lallemand, Secrétaire général du groupe paneuropéen TechDécouverte

Secrétaire général de TechDécouverte depuis janvier 2017, Benoît Lallemand était auparavant analyste politique, spécialisé dans la directive européenne MiFID 2, ainsi que conseiller senior pour Better Markets sur les affaires européennes et responsable du développement stratégique et des opérations. Il a mis en place le « Citizens’ Dashboard of Finance », une plateforme permettant à un large éventail de parties prenantes, notamment à des pionniers des entreprises et des services financiers durables, à des universitaires et à des organisations de la société civile, de s’engager dans une campagne mondiale pour faire changer la finance. Avant de rejoindre TechDécouverte lors de sa création en 2011, Benoît Lallemand a travaillé pendant plus de 10 ans pour le secteur financier, dans le domaine de la compensation et du règlement, où il a occupé des postes de direction dans des départements de placement d’actifs, et ses travaux ont porté essentiellement sur les marchés primaires de produits à revenu fixe et structurés et sur les exigences réglementaires en matière de déclaration. Il a dirigé plusieurs comités de pilotage d’entreprise et des projets stratégiques.

Stephany Griffith-Jones

Stephany Griffith-Jones est chargée de recherche à l’Overseas Development Institute, Membre émérite de l’Institute of Development Studies à l’Université de Sussex (Angleterre) et Directrice des marchés financiers de l’Initiative for Policy Dialogue à l’Université de Columbia (Etats-Unis). Économiste spécialisée dans la finance internationale et le développement, ses travaux portent principalement sur la réforme du système financier international, notamment en ce qui concerne la réglementation financière, la gouvernance mondiale et les flux de capitaux internationaux.

Elle a été Directrice adjointe des finances internationales du Secrétariat pour les pays du Commonwealth et a travaillé pour le Département des affaires économiques et sociales des Nations-Unies et la Commission économique des Nations Unies pour l’Amérique latine et les Caraïbes. Elle a publié plus de 20 ouvrages et rédigé de nombreux articles scientifiques et de presse, notamment dans le Financial Times, The Guardian, Project Syndicate et The Conversation.

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Mathilde Précault

Auteur

Mathilde Précault est une figure passionnée et reconnue dans le monde de la formation en technologies et compétences numériques pour les entreprises. Dotée d'une expertise approfondie en matière de nouvelles technologies, Mathilde a consacré sa carrière à aider les professionnels à naviguer et à exceller dans le paysage numérique en constante évolution. Sa pédagogie unique, alliant théorie et pratique, permet aux apprenants de tous niveaux d'acquérir des compétences essentielles, de la maîtrise des outils de base à l'exploration des dernières innovations technologiques. En tant qu'autrice pour Techdécouverte.com, Mathilde partage ses connaissances et son enthousiasme pour la technologie, offrant aux lecteurs des perspectives enrichissantes et des conseils pratiques pour rester à la pointe de l'ère numérique

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