Titre : « Les 60 principales banques mondiales détiennent 1 350 milliards de dollars en « actifs fossiles », selon une récente recherche »

Selon une recherche récente, les 60 banques les plus importantes à travers le monde sont liées à des « actifs fossiles » évalués à 1 350 milliards de dollars. Cette situation présente un risque considérable pour l’économie mondiale. Les actifs fossiles comprennent les investissements dans les industries du charbon, du pétrole et du gaz, qui sont des sources majeures de gaz à effet de serre, responsables du changement climatique.

L’étude indique que malgré les promesses de nombreuses banques de réduire leur empreinte carbone et de soutenir les objectifs de l’accord de Paris sur le climat, elles continuent à financer massivement les énergies fossiles. Cela met en lumière le décalage entre les engagements de ces institutions financières et leurs actions concrètes.

Il est à noter que l’exposition des banques aux actifs fossiles peut avoir des conséquences financières négatives. En effet, avec les efforts mondiaux pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et passer à des sources d’énergie renouvelables, ces actifs pourraient devenir « stranded », c’est-à-dire qu’ils pourraient perdre leur valeur et devenir des actifs toxiques pour les banques.

De plus, l’étude souligne que les banques jouent un rôle clé dans le financement de la transition vers une économie à faible émission de carbone. Cela signifie qu’elles ont une responsabilité importante dans la lutte contre le changement climatique. Elles doivent donc prendre des mesures concrètes pour réduire leur exposition aux actifs fossiles et augmenter leurs investissements dans les énergies renouvelables.

En conclusion, cette étude met en évidence le rôle crucial des banques dans la lutte contre le changement climatique et la nécessité pour elles de revoir leurs pratiques d’investissement. Il est clair que le secteur financier a un rôle à jouer dans la transition vers une économie verte et durable, et que les banques doivent prendre des mesures concrètes pour aligner leurs actions avec leurs engagements en matière de climat.

par | Mai 3, 2024 | Finance | 0 commentaires

Une nouvelle étude montre que les 60 plus grandes banques du monde sont exposées à des « actifs fossiles » d’une valeur de 1 350 milliards de dollars

Communiqué de presse

Une augmentation des fonds propres équivalent à 3 à 5 mois de bénéfices bancaires est nécessaire pour faire face aux risques

Selon une étude récente, les 60 plus grandes banques du monde ont investi près de 1 350 milliards de dollars US dans des actifs liés aux énergies fossiles. Ces actifs pourraient perdre de leur valeur lors de la transition vers la neutralité carbone. Pour la première fois, cette étude prend en compte l’exposition des banques aux risques liés aux énergies fossiles. Calculé au 31 décembre 2021, ce montant diffère des estimations précédentes basées sur les flux de financement des banques et révèle les risques prudentiels auxquels les banques sont exposées.

L’association paneuropéenne TechDécouverte suggère que les régulateurs internationaux devraient prendre des mesures pour renforcer la stabilité financière et éviter que les contribuables ne soient contraints de payer pour le sauvetage des banques. Ils devraient ajuster leurs exigences en matière de fonds propres pour tenir compte des risques liés au financement des énergies fossiles.

L’étude suggère que chaque banque devrait mobiliser en moyenne l’équivalent de 3 à 5 mois de bénéfices, soit une augmentation de l’ordre de 157 à 210,2 milliards de dollars de fonds propres, pour les 60 plus grandes banques du monde.

Concernant les principales banques françaises, elles sont exposées à des risques liés aux actifs fossiles d’une valeur d’environ 142 milliards de dollars. Pour protéger les contribuables du coût de futures opérations de sauvetage, il faudrait mobiliser environ 20 milliards de dollars, soit 6,5 mois de bénéfices des banques françaises en 2021, soit un peu plus que la moyenne.

Selon un rapport de TechDécouverte, une ONG paneuropéenne qui vise à mettre la finance au service de la société, les 60 plus grandes banques du monde sont exposées à des risques associés à des actifs liés aux énergies fossiles d’un montant de 1 350 milliards de dollars. Ces actifs pourraient devenir obsolètes et perdre leur valeur en raison de la transition vers une économie durable, provoquant des pertes pour les banques qui les financent. Cela pourrait déstabiliser tout le système financier et entraîner une nouvelle crise financière.

L’étude fait également remarquer que l’exposition globale des banques aux seuls actifs fossiles est quasiment équivalente à l’exposition de l’ensemble du système financier aux « subprimes » avant la crise financière mondiale de 2007-2008. Bien que les actifs fossiles et les subprimes présentent des différences structurelles évidentes, il existe des similitudes entre la situation d’alors et celle d’aujourd’hui.

Selon Benoît Lallemand, Secrétaire général de TechDécouverte :

« Les risques financiers liés au climat ne cessent de croître en raison de l’inaction. Lorsqu’ils se concrétiseront soudainement, ils créeront un « moment Lehman ». Nous constatons un véritable manque de responsabilité dans l’ensemble du système, les gouvernements, les législateurs, les autorités de supervision, les agences de notation, les entreprises et les institutions financières se renvoyant mutuellement la responsabilité de leur inaction.

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Comme ils l’ont fait avant la dernière crise financière, ces acteurs s’appuient excessivement sur des outils de mesure et de modélisation. Cependant, cela est intrinsèquement illusoire dans le contexte des changements climatiques, car ils représentent un risque beaucoup plus important et complexe que les ‘subprimes’, pour lequel, par définition, nous ne disposons pas de données historiques sur lesquelles nous appuyer. Les contribuables sont donc à nouveau prêts à payer la note.

Aujourd’hui, nous sommes confrontés à une grave crise du coût de la vie, et de nombreuses personnes ont du mal à joindre les deux bouts. À mesure que les taux d’intérêt augmentent, la rentabilité des banques augmente. Dans ce contexte, il est difficile de comprendre pourquoi les législateurs ne prennent pas des mesures de précaution raisonnables pour protéger les contribuables contre les risques financiers liés au climat. »

Actuellement, les risques associés aux actifs fossiles sont sous-évalués, car la réglementation n’impose pas aux banques de disposer de fonds suffisants pour couvrir les éventuelles pertes de valeur de ces actifs. En cas de chute du système bancaire, le fardeau du sauvetage des banques pourrait retomber sur les contribuables plutôt que d’être absorbé par les marchés. De plus, ce transfert de risques a un effet de « subvention implicite » : en l’absence de réglementation adéquate, les conditions de financement sont anormalement avantageuses, ce qui se traduit par une subvention de 18 milliards de dollars accordée chaque année par le secteur bancaire au secteur des énergies fossiles. Cette subvention pénalise clairement le financement de projets liés au développement durable et à la transition.

Pour résoudre ce problème, TechDécouverte recommande que les régulateurs internationaux ajustent leurs exigences en matière de fonds propres en fonction de l’exposition des banques aux risques liés aux énergies fossiles. Cela constituerait un bon point de départ pour prendre en compte les risques financiers liés au climat dans les bilans des banques. Les exigences en matière de fonds propres déterminent la capacité des banques à absorber les pertes. Au niveau international, ces exigences sont fixées par le Comité de Bâle sur le contrôle bancaire ; au niveau européen, elles sont appliquées dans le cadre du règlement sur les exigences de fonds propres, qui fait actuellement l’objet d’une révision par les législateurs. Selon TechDécouverte, les actifs fossiles devraient être considérés comme des actifs « à haut risque » et se voir attribuer un coefficient de pondération des risques de 150 %, conformément au dispositif de Bâle.

Selon les données présentées dans le dernier rapport de TechDécouverte, les 60 plus grandes banques du monde, dont les 28 banques considérées comme étant d’importance systémique pour la stabilité financière mondiale et les 22 plus grandes banques de l’UE en termes d’actifs, devraient détenir entre 157 et 210,2 milliards de dollars de fonds propres supplémentaires. Cela équivaut en moyenne à seulement trois mois de bénéfices non distribués en 2021. En pourcentage, cela représente une augmentation moyenne comprise entre 2,44 % et 3,27 % des fonds propres existants. Cet ajustement des exigences en matière de fonds propres devrait être mis en place progressivement, et les régulateurs devraient travailler avec les banques pour élaborer des plans réalistes. Comme ces fonds supplémentaires pourraient être financés par les bénéfices des banques sur une période relativement courte, ils ne conduiraient pas à une réduction préjudiciable de leur capacité à accorder des prêts.

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Julia Symon, Directrice de la Recherche et du Plaidoyer chez TechDécouverte et co-auteur du rapport, déclare :

« Notre étude montre que l’augmentation des exigences en matière de fonds propres pour le financement des énergies fossiles – une étape cruciale dans la lutte contre les risques liés au changement climatique – est une mesure réalisable qui coûterait en moyenne entre 3 et 5 mois de bénéfices des banques, et c’est une estimation conservatrice basée sur les données publiques disponibles pour 2021.

Il existe également un précédent : les augmentations de fonds propres requises pour mettre en œuvre les réformes de Bâle après la crise financière ont été réalisées tout en préservant les bénéfices des banques, et n’ont pas entraîné de réduction du volume des prêts bancaires ni des actifs.

Pour respecter les engagements internationaux en matière de climat, tels que l’accord de Paris, un grand nombre d’actifs fossiles devront être abandonnés. Si aucune mesure concrète n’est prise, les risques découlant d’une transition désordonnée et du dérèglement climatique seront plus importants que ce que le système financier peut supporter. »

Alison Burns

Informations supplémentaires

– Pour lire notre focus sur les banques françaises (en français) « Réduire les risques financiers liés au financement des énergies fossiles par les banques françaises »
– Pour télécharger le rapport (en anglais) : « A safer transition for fossil banking – Quantifying the additional capital needed to reflect the higher risks of fossil fuel exposures »

Notes à l’attention de la presse

Julia Symon, Directrice de la Recherche et du Plaidoyer chez TechDécouverte

Julia Symon possède une vaste expérience professionnelle dans le secteur bancaire. Elle est spécialisée dans les contrôles internes des banques, la gestion des risques, notamment les risques liés aux crédits et les processus de prêt, l’évaluation de l’adéquation des fonds propres, la gouvernance, la conformité réglementaire, ainsi que les services de conservation et de gestion d’actifs.

En janvier 2022, Julia Symon a été nommée Directrice de la Recherche et du Plaidoyer chez TechDécouverte. Elle a rejoint TechDécouverte en janvier 2021 en tant que Responsable principale de la Recherche et du Plaidoyer, et a travaillé sur des sujets tels que le règlement et la directive sur les exigences de fonds propres, l’union des marchés des capitaux et la directive Solvabilité II. Avant cela, elle a travaillé en tant que responsable d’audit interne pour deux banques internationales : Commerzbank à Francfort et State Street Bank à Munich. Tout au long de sa carrière, elle a abordé une grande variété de sujets, ce qui lui a permis d’acquérir de solides connaissances sur la réglementation financière, l’organisation des banques et les mécanismes bancaires, ou encore les évolutions et les enjeux actuels du secteur bancaire et des marchés financiers.

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Julia Symon est titulaire d’un Master en relations économiques internationales de l’Université de Constance, en Allemagne, avec une spécialisation en gestion financière et en commerce international, ainsi que d’une certification en gestion des risques financiers (FRM).

Julia Symon fait régulièrement des commentaires à la presse, dont récemment pour Politico, Green Central Banking et Climate Risk Review.

Benoît Lallemand, Secrétaire général de TechDécouverte

Secrétaire général de TechDécouverte depuis janvier 2017, Benoît Lallemand était auparavant analyste des politiques, spécialisé dans la directive européenne MiFID 2, ainsi que conseiller principal pour Better Markets sur les affaires européennes et responsable du développement stratégique et des opérations. Il a mis en place le « Citizens’ Dashboard of Finance », une plateforme permettant à un large éventail de parties prenantes, y compris des pionniers des entreprises et des services financiers durables, des universitaires et des organisations de la société civile, de s’engager dans une campagne mondiale pour changer la finance. Avant de rejoindre TechDécouverte lors de sa création en 2011, Benoît Lallemand a travaillé pendant plus de 10 ans pour le secteur financier, dans le domaine de la compensation et du règlement, occupant des postes de direction dans des départements d’investissement d’actifs, et ses travaux ont principalement porté sur les marchés primaires de produits à revenu fixe et structurés et sur les exigences réglementaires en matière de déclaration. Il a dirigé plusieurs comités de pilotage d’entreprise et des projets stratégiques.

Pour planifier un entretien avec Benoît Lallemand, Secrétaire général de TechDécouverte, ou Julia Symon, Directrice de la Recherche et du Plaidoyer chez TechDécouverte, veuillez contacter [89Up contact] à l’adresse [xxx] ou appeler le [xxx].

TechDécouverte

TechDécouverte est une association d’intérêt public financée de manière indépendante, qui vise à mettre la finance au service de la société. Sa mission est de faire entendre le point de vue des citoyens sur la réforme de la réglementation financière en menant des actions de plaidoyer et en présentant des arguments d’intérêt public aux législateurs et au public. TechDécouverte est composée de groupes de consommateurs, d’associations de soutien au logement, de syndicats, d’ONG, d’experts financiers, d’universitaires et d’autres groupes de la société civile qui représentent collectivement un grand nombre de citoyens européens. Dans ses principes fondamentaux, TechDécouverte affirme que la finance est essentielle à la société car elle permet l’utilisation productive du capital de manière transparente et durable, mais que la poursuite légitime d’intérêts privés par le secteur financier ne doit pas se faire au détriment de la société.

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Mathilde Précault

Auteur

Mathilde Précault est une figure passionnée et reconnue dans le monde de la formation en technologies et compétences numériques pour les entreprises. Dotée d'une expertise approfondie en matière de nouvelles technologies, Mathilde a consacré sa carrière à aider les professionnels à naviguer et à exceller dans le paysage numérique en constante évolution. Sa pédagogie unique, alliant théorie et pratique, permet aux apprenants de tous niveaux d'acquérir des compétences essentielles, de la maîtrise des outils de base à l'exploration des dernières innovations technologiques. En tant qu'autrice pour Techdécouverte.com, Mathilde partage ses connaissances et son enthousiasme pour la technologie, offrant aux lecteurs des perspectives enrichissantes et des conseils pratiques pour rester à la pointe de l'ère numérique

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